La boisson ancestrale des Normands et des Bretons s'offre depuis plusieurs années une cure de jouvence, en misant sur la qualité et le naturel pour séduire une nouvelle clientèle. Cidre rosé, parfumé aux fruits, avec de fines bulles ... de nouveaux contenants et un nouvel habillage donnent un nouvel élan à cette boisson pétillante !
(c) Jean-François Monier / AFP
Que ce soit une petite ou une grosse entreprise, dans le domaine, les initiatives fleurissent de manière à valoriser et diversifier cette boisson obtenue à partir de la fermentation de jus de pomme. En quelques années à peine, le cidre rosé s'est fait une place aux côtés des grands classiques et représente à lui seul désormais 7% des volumes écoulés.
A l'origine, on connaissait le cidre sous trois formes principales : le brut, le demi-sec et le doux. Désormais sur les étals, on peut trouver du cidre/poire, du cidre/fruits rouges, cidre/pêche voire même du cidre/vodka !
Mais malgré toute cette inventivité, la boisson peine à s'imposer dans la grande distribution en dehors des principales régions de production : la Bretagne et la Normandie : "il y a un réel problème de visibilité dans les rayons (...) C'est très difficile de se faire voir à côté des bières", déplore Muriel Jaugin, conseil en marketing pour l'agroalimentaire.
De gros efforts ont donc été faits sur la présentation des bouteilles avec des couleurs vives et acidulées ainsi que sur des nouveaux formats comme des magnums par exemple ! Le cidre se boit souvent accompagné d'une crêpe et est servi régulièrement dans l'une des 4000 crêperies françaises et son temps fort se concentre en janvier / février pour l'Epiphanie avec la galette des rois, suivi de la Chandeleur (25% des ventes nationales).
Le Cidre dispose de nombreux atouts face aux autres boissons alcoolisées. Il est justement très peu alcoolisé (2° pour le doux). "Avant, boire du cidre, c'était ringard. Avec la multiplication des contrôles d'alcoolémie, on a vu l'évolution", constate Anita Gouret dont l'exploitation, porcine à l'origine, s'est diversifiée avec le cidre sous la marque "Kerloïck". "Les jeunes viennent acheter du rosé pour une soirée apéro", précise-t-elle dans la boutique attenante à la ferme, à Plestan (Côtes d'Armor).
Produit 100% naturel, le cidre joue aussi la carte de la boisson nutritionnelle en se revendiquant moins calorique que ses concurrentes : moitié moins que le vin, sans parler des alcools forts (selon une étude des cidres de France). Pour faire valoir ces atouts, Philippe Musellec, directeur général des Celliers Associés indique qu'il faut associer le cidre à de nouvelles façons de consommer". Ainsi, au printemps 2014, Val de Rance, une marque de la coopérative cidricole Les Celliers Associés basée à Pleudihen-sur-Rance, lançait sur le marché une gamme "Envies de..." : un cidre brut pour par exemple "une envie de grillades", un rosé pour un "apéritifs et tapas" ou un doux pour une envie de "plaisir sucré et dessert" ... Le tout est suggéré sur la bouteille.
Mais pour un cidre de qualité, "la Com ne fait pas tout" rappelle Alain Lepage, maître de chais, d'où un important développement des vergers avec "près de 500 hectares plantés ces cinq dernières années". Enfin pour Val de Rance, l'avenir se situe aussi à l'étranger ! Seulement 1,3% du CA de la coopérative provenait des exportations en 2010, mais en 2016, "on frôle les 25% !" se réjouit Philippe Musellec.
