L'un des pionniers du web, Yahoo!, en difficulté face aux géants que sont devenus Google ou Facebook, vient d'annoncer la vente de ses activités de coeur de métier pour 4,8 milliards de dollars au géant des Telecom, Verizon. Celles-ci seront intégrées à la même division qu'AOL (un autre ancien fleuron d'internet), afin de "tenter de créer" un groupe international de médias de poids.
"C'est émouvant de s'unir avec AOL et Verizon alors que nous entamons un nouveau chapitre centré sur les économies d'échelle et le mobile", a souligné la directrice générale de Yahoo!, Marissa Mayer, citée dans le communiqué, faisant allusion au rôle de pionniers de l'internet joué à la fois par AOL et Yahoo!.
Les services principaux de Yahoo!, intégrant Yahoo News ou encore Yahoo mail, vont donc rejoindre les rangs de Verizon, et par la même occasion ceux d'AOL, ex fleuron du web. Le rachat devrait se boucler en 2017, et ne porte pas sur la trésorerie du groupe et les parts qu'il détient au capital du géant chinois Alibaba et Yahoo Japan. Cet accord "marque un pas important dans notre stratégie pour dégager davantage de valeur pour les actionnaires", a ajouté Mme Mayer, qui était sous la pression de plusieurs actionnaires pour trouver une solution améliorant la valeur de Yahoo! en Bourse.
Fondé en 1994 par David Filo et Jerry Yang, deux étudiants de l'université californienne de Stanford, Yahoo! ("Yet Another Hierarchical Officious Oracle", ce qui peut se traduire par "Encore un classement génial officieux") était à l'origine un simple annuaire internet. Fin juin 2016, le groupe compte 8800 salariés dans le monde et 700 contactruels. Depuis 2012, Marissa Meyer, ancienne cadre de Google, dirige le groupe et a réduit les effectifs par deux (-45%). Elle a tenté aussi, de moderniser l'image vieillissante de l'entreprise, et de multiplier les acquisitions (Trumblr pour 1 milliard de dollars en 2013), mais cette stratégie n'a pas permis de relancer la croissance. En 2015, Yahoo! accuse une perte de 4,4 milliards de dollars, en grande partie liée à des dépréciations d'actifs. Son chiffre en augmentation de 8% à 5 milliards en 2015, une fois les montants reversés aux partenaires, était en recul de 7%.
En 2008, Yahoo! rejette l'offre de rachat de Microsoft pour 47 milliards de dollars. Peut-être une erreur, puisque le groupe dont la capitalisation a frôlé les 100 milliards de dollars pendant la "bulle internet" (années 2000), n'est aujourd'hui valorisé en bourse qu'à 37 milliards : ce montant ne reflétant en plus pas réellement ses activités, mais essentiellement ses participations dans Alibaba et Yahoo Japan.
A l'échelle mondiale des moteurs de recherche, la société Net Applications, place Yahoo en quatrième position avec 7,7% de parts de marché, derrière Google (70,2%), Microsoft (11,3%) et le chinois Baidu (8,8%). Malgré les multiplications de services lancés auprès des particuliers (Yahoo Sports Daliy Fantasy, messagerie, vidéo en streaming ...), sa part de marché dans la publicité en ligne ne cesse de s'effriter : l'an dernier Yahoo! n'a encaissé que 2,1% des dépenses de publicités en ligne, tous types d'appareils confondus, derrière Google (33,3%), Facebook (10,7%) et Alibaba (5,1%).
