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Combelle, 80 ans de fabrication à la française !

Reportage

Publié par Jean-Christophe - Recevoir les actualités par mail

Reportage - Le 27 octobre dernier, j'étais en vadrouille dans le Cantal du côté de Marmanhac, pour rencontrer Gérard Combelle, PDG de la société du même nom, qui fabrique du mobilier de puériculture depuis plus de 80 ans. Rencontre avec cette entreprise française dont la matière première principale, le bois, est coupée dans le respect des forêts et de l'environnement.


Mon arrivée sur les lieux ... Les feuilles mortes commencent à envahir le parking !

 

Petite parenthèse "géographique" - Alors que le tunnel du Lioran était fermé (passage obligé pour se rendre à Aurillac en venant de Clermont-Ferrand), mon périple (enfin, pour être franc mon GPS, qui en terme de direction a fait n'importe quoi pour le coup, mais bon je ne lui en veux pas) m'a conduit à emprunter les routes escarpées du Pas de Peyrol (Puy Mary) et de me rappeler combien ce département affiche des paysages vraiment exceptionnels - A découvrir absolument, si vous passez dans les coins !

C'est en 1926 que débute l'histoire de Combelle avec Marcel Combelle, le grand-père de Gérard, qui fait l'acquisition d'un moulin à Marmanhac. Ce dernier lui permet de développer son activité de sciage et de sous-traitance (eh oui, à l'époque, le réseau électrique est encore très peu développé !). Jusqu'en 1932, il travaille pour les marques de parapluie d'Aurillac, et leur fabrique des poignées avec la fameuse technique du bois courbé ! Cette technique de cintrage du bois s'est transmise de génération en génération, et Gérard Combelle la met encore en oeuvre aujourd'hui.


La machine qui permet de réaliser le bois courbé!

Dans les années qui suivent, le grand-père de Gérard commence à fabriquer des produits de puériculture. "Le premier catalogue papier de puériculture qu'il me reste, date de 1938 !", m'indique Gérard. Le catalogue est très complet pour son époque et est constitué de berceaux, de lits, de parcs ... En 1977, un incendie détruit l'intégralité des ateliers de la firme. L'usine est rapidement reconstruite au cours de l'année 1978 - Elle reprend de son activité à la fin de cette même année. Depuis cette reconstruction, deux agrandissements ont eut lieu : le premier en 1984 et le second à la fin des années 80. En 1989, la SARL (constituée en 1972) devient une SA,  et se transforme en 1994 en SAS (format actuel de la société).

Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?

G.C. Bonjour. Je m'appelle Gérard Combelle, j'ai fait l'école du bois Mouchard et j'en suis sorti en 1977. C'est à cette époque que les ateliers de mon grand-père ont brulé. J'ai travaillé en 1978 à la remise en route de l'usine. En 1979 j'ai fait l'armée, puis, de 1980 à 1989 j'ai été employé à la production de l'usine - l'école du bois Mouchard m'a formé à l'industrialisation des produits. À partir de 1989, j'occupe le poste de directeur de production de l'usine. En 1994, mon père prend sa retraite et je prends sa place en tant que PDG de la société. C'est toujours mon poste aujourd'hui.


Gérard Combelle, 3ème du nom, PDG de la société COMBELLE

 

De combien de salariés est composée votre société ?

G.C. Aujourd'hui nous sommes 40 dans la société : 32 personnes travaillent à la production puis le reste de l'effectif est à l'administratif et au commercial. 

Quel est le processus de fabrication d'un meuble de puériculture ?

G.C. Nous achetons tout d'abord le bois sous forme d'arbre. Cette grume, c'est comme ça qu'on nomme le tronc d'un arbre, est ensuite tronçonnée et sciée en planches.

Le scieur va pouvoir alors trier le bois en fonction de sa qualité, et regrouper les planches en paquet d'environ de 1,5 mètre cube : on appelle ça des plots. 

 

Ces plots seront séchés d'abord à l'air libre pendant plusieurs mois. De 3 mois pour les planches les plus fines à 6 ou 7 mois pour les plus épaisses. 

Ensuite le bois est mis dans des séchoirs artificiels et soumis à une température de 40°, ceci afin de descendre son hygrométrie autour de 12%. Cette opération va durer une petite semaine.

Quand le bois est sec, il est alors stocké dans un grand bâtiment ventilé, pendant 1 à 2 jours : ceci de manière à le refroidir et le stabiliser (lui enlever les contraintes que nous lui avons fait subir dans les séchoirs). À partir de là, le bois est prêt pour prendre le chemin de l'usinage. Il faut donc compter 4 à 6 mois pour qu'une planche sciée dans la scierie devienne usinable. Nous avons en permanence 1200 mètres cubes de bois en plots sur notre parc. 

Dans le Cantal, pendant l'hiver, nous sommes soumis à un climat très sec. Il peut faire très froid, mais en contrepartie nous avons un taux d'ensoleillement très important. On peut donc avoir une température de -5 à -10 degrés, avec une hygrométrie à 30%, ce qui est parfait pour sécher le bois. Paradoxalement, le bois sèche beaucoup plus vite en hiver que pendant l'été où, quand il fera 30 degrés, le taux d'hygrométrie pourra atteindre 40 à 50%.


Le ventre d'une des machines numériques qui permet de réaliser les pièces

 


Les pièces en sortie de la machine numérique !

Le bois que nous utilisons est certifié PEFC, il provient de forêts gérées durablement. 

J.C.J. Est-ce que cela signifie un arbre arraché = un arbre replanté ?

G.C. Oui entre autres, mais pas uniquement. La manière de couper le bois, la manière de l'exploiter, la manière de sortir le bois de la forêt et de l'amener au bord de la route est pris en compte : c'est le respect de la forêt dans son ensemble. 


La machine qui façonne les cubes de litières, à partir des copeaux valorisables

Nous ne jetons jamais rien concernant le bois ! Les copeaux de bois sont soit récupérés et brulés pour produire de l'énergie : chauffer l'eau, les bâtiments , les séchoirs ... ou alors, s'ils sont valorisables, comme la frisette par exemple (les copeaux issus du rabotage), sont transformés en litières pour animaux. Le reste des coupes de bois pourra également être vendu à l'entrée de l'hiver, comme bois de chauffe.


Les buchettes extraites de l'usine, qui seront vendues pour faire du bois de chauffe

 

J.C.J. Quel bois utilisez-vous pour fabriquer les produits ?

G.C. C'est du hêtre. D'une part, c'est un bois qui convient bien à la fabrication de produits pour les enfants. Il se travaille et se polit bien, et dispose d'un bel aspect. C'est d'ailleurs le bois que l'on retrouve principalement dans la fabrication des jouets. D'autre part, nous sommes dans une région où il y en a beaucoup à disposition dans les forêts ! 


C'est vrai que c'est beau le hêtre une fois usiné !

 

Est-ce qu'il y a une saisonnalité des produits ?

G.C. Il y a 10 ans il y avait un peu de saisonnalité, on travaillait bien au printemps et à l'automne... depuis 4 ou 5 ans, on constate que cet effet a disparu, on travaille à vue, sans avoir des perspectives à 3 ou 6 mois : c'est vraiment au jour le jour. 


Mon rôle, découper le fond d'un parc !

 

Est-ce que vous avez une forte concurrence ?

G.C. En France, dans notre domaine, nous sommes les seuls à fabriquer les produits de cette manière ! Nous n'avons donc pas de concurrents directs. Concernant le bois, nous avons une forte concurrence qui vient d'Europe de l'est, et qui se positionne plutôt sur des produits de type MDD (Marque de distributeur). Mais nous avons surtout une énorme concurrence issue de produits non bois, fabriqués à partir de plastiques et de tubes en provenance de la Chine.

Le marché français est aujourd'hui de plus en plus difficile. La manière de consommer a changé. Les gens achètent beaucoup plus de produits d'occasion qu'auparavant, et de plus en plus sur Internet. Sur certains sites de ventes d'occasion, nous pouvons avoir de 4 à 5000 produits de notre marque en vente : c'est énorme ! 


Mon rôle, peindre les pièces - Lors de mon passage la machine n'était pas en action

Qui conçoit les produits ?

G.C. Je fais moi-même beaucoup de conception. Pour la chaise Twenty, par exemple, il m'a fallu plus de 2 ans pour la mettre au point à partir d'un modèle que l'on proposait déjà, mais qui était plus simple. 

Mais, mis à part ce produit très spécifique, en général, je conçois les produits que je qualifierais de "simple" comme par exemple une table à langer, un parc ou un lit. Lorsque nous avons besoin d'un design particulier, je fais appel à une entreprise lyonnaise, située à la Croix-Rousse, qui m'aide à concevoir et affiner les produits plus complexes : les chaises hautes par exemple.


La peinture doit se faire à la main pour certaines pièces

 

J.C.J. Ensuite, les machines que vous avez permettent de tout fabriquer ?

G.C. Les machines numériques que nous utilisons peuvent usiner n'importe quelle forme de pièce, on peut vraiment faire beaucoup de choses avec. À partir du moment où le personnel est qualifié pour les utiliser, on peut tout faire !

Disposant d'un équipement très à la pointe, pour une partie de notre activité, nous pouvons fabriquer des objets en bois pour le compte d'autres marques. Nous travaillons notamment pour une société qui fait du mobilier de loisirs, nous réalisons pour eux des ossatures de transat en bois.


Opération de séchage des pièces peintes à la main

 

Combien avez-vous de références vendues sur votre site Internet ?

G.C. Nous avons une cinquantaine de références différentes. Tout est en stock. Si vous commandez sur notre site Internet, il faut compter 48 heures pour être livré - sauf pour les produits qui sont personnalisables, où là il faudra compter une dizaine de jours. Les chaises Twenty, par exemple, sont personnalisables par la couleur et par le fait que vous pouvez faire graver un prénom sur leur dossier. Nous vendons un kit de personnalisation qui comprend : la couleur à la demande suivant un panel d'une dizaine de couleurs,  et la gravure.


On passe à l'emballage de la chaise Twenty 

 

Comment garantissez-vous les produits que vous vendez ?

G.C. Les produits sont garantis 10 ans pour la partie bois massif  et 2 ans pour les autres composants non bois, les pièces en plastique par exemple. Celles-ci sont fabriquées par une usine de Montluçon (dans l'Allier) avec qui nous travaillons depuis longtemps. 


Des produits fabriqués en France, avec le logo "Origine France Garantie" sur la droite

 

Quel est le produit qui se vend le mieux ?

G.C. C'est la chaise haute traditionnelle et transformable. On la connaissait déjà du temps de nos grands-pères et de nos grand-mères.

A l'inverse, qu'est-ce qui se vend le moins bien ?

G.C. Peut être le lit ! C'est un marché important et très difficile, il y a tellement de produits qui sont importés depuis de l'Europe de l'Est notamment ! 

Est-ce que vous pouvez nous donner quelques chiffres sur la société ?

G.C. Notre atelier, pour la partie couverte, a une taille de 5000 mètres carrés, à laquelle il faut ajouter les dépendances. Nous consommons de 3500 à 4000 mètres cubes de hêtre par an.

Lorsque l'on scie un mètre cube de bois, 30% est consommé par la sciure.
Lorsque l'on usine 1 mètre cube de planches, 50% des planches est perdu.

On utilise donc réellement un tier du tronc de l'arbre pour notre fabrication. C'est la raison pour laquelle, chez nous, rien ne se perd jamais ! Une partie du bois est réutilisée pour le chauffage ou les litières..., et au pire, en début d'hiver, nous le vendrons sous forme de buchettes pour faire fonctionner les cheminées. 


Des produits qui attendent leur prochain propriétaire 

 

Quels sont vos projets d'avenir ?

G.C. Nous souhaitons développer notre marque à l'export : Le marché français est aujourd'hui complètement saturé et déstabilisé, tiraillé entre les hypermarchés, les magasins de type pas-de-porte qui éprouvent de très grosses difficultés en ce moment, et Internet : il est très difficile de s'y projeter ! 

Le secteur de la puériculture vit depuis 3 ou 4 ans des mutations énormes dans la façon de consommer mais aussi dans la manière de vendre les produits ! C'est un marché très difficile, certaines sociétés cassent les prix tout le temps : c'est un gros problème ... ces gens sont ingérables !

Ça fait mal au coeur de voir que des produits de puériculture qui devraient être vendus à un prix normal, dans des coefficients normaux, puissent être bradés de la sorte : ça ne sert à rien et ça n'a pas de sens !

Sur Internet, notre marque est connue et les gens la demandent. Les grosses marketplaces ont besoin de nous pour être positionnés sur les moteurs de recherche. Mais du coup, ils profitent de cette notoriété pour finalement proposer à la vente d'autres produits de moins bonne qualité. 

L'export : c'est le seul marché qui est porteur pour nous ! On est présent en Espagne, en Suisse et en Belgique ... Au mois de janvier, nous présenterons nos produits sur un nouveau marché : Hong Kong !


La chaise Twenty, créée par Gérard, celle-ci est personnalisée et gravée au prénom de "Lou"

Est-ce que vous avez une devise dans la vie ?

G.C. Il faut toujours s'accrocher ! Le marché étant aujourd'hui de plus en plus compliqué...


Démonstration du pliage de la chaise

 

Si vous aviez quelques mots pour caractériser Combelle, lesquels seraient-ils ?

G.C. L'honnêteté : nous vendons des produits vrais, qui sont fabriqués à partir de produits naturels. On essaye d'appliquer des méthodes artisanales à l'industrie et de faire de jolis produits bien usinés, avec un prix qui reste toujours en cohérence !

La création : nous essayons de créer de nouveaux produits qui n'existent pas et pas forcément de copier sur le voisin, comme cela peut se faire souvent ! Nous essayons de faire des produits qui nous ressemblent ! 


Elle tient même toute seule, une fois pliée... la Twenty !


Merci Gérard pour ce moment riche que vous m'avez fait vivre lors de cette visite, merci également pour votre franchise.
Notre économie a réellement besoin de personnes telles que vous !


COMBELLE
Le Bourg – BP2 
15250  Marmanhac France
 
Voir les produits de la marque Combelle sur touslesprix.com


 

 

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